Tuesday, March 17, 2009

Le président malgache, Marc Ravalomanana, apparaît de plus en plus isolé face à son rival Andy Rajoelina

TO BE NOTED: From le carnet de Colette Braeckman
"Madagascar: le foncier au coeur de la crise

Le président malgache, Marc Ravalomanana, apparaît de plus en plus isolé face à son rival Andy Rajoelina: alors qu’’il refuse toujours de démissionner et propose d’organiser un referendum, des militaires ont pénétré dans le palais présidentiel. Rajoelina, 34 ans, qui a constitué un contre- gouvernement, a demandé à l’armée d’arrêter le chef de l’Etat.
Même si le président Ravalomanana est accusé d’avoir dilapider des fonds publics et fait tirer sur des manifestants lors des derniers troubles, qui ont fait 135 morts, le problème de l’opposition, qui veut mettre sur pied un gouvernement de transition, est d’éviter d’être accusée d’avoir fomonté un coup d’Etat. Jean-Luc Raharimanana, écrivain malgache, (auteur de l’Arbre anthropophage, aux éditions Actes Sud) analyse les raisons ayant mené à la mise en cause du président élu. “La tension sociale était perceptible depuis la réélection du président Ravalomanana voici deux ans , où le taux d’abstention avait été très important. Dans les régions côtières il avait perdu tout crédit à cause de ses réformes foncières.
Sous prétexte de faciliter l’accès à la propriété, le président a permis beaucoup d’expropriations. Avant, coexistaient à Madagascar deux systèmes : le droit foncier traditionnel et le droit moderne. Le premier repose sur l’entente villageoise, et familiale: malgré l’absence de cadastre, tout le monde ait qui sont les propriétaires des terres.
Déjà le président précédent, Didier Ratsiraka avait commencé à exproprier des terrains qui contenaient des pierres précieuse, les cédant à des entreprises privées
Alors que les gouvernements précédents toléraient la juxtaposition des deux systèmes, Ravalomana a voulu passer en force.
Récusant le système traditionnel il avait des visées sur les terres. Afin d’installer ses propres entreprises dans les rizières, il a exproprié beaucoup de gens à Ambatandrazaka, la région qui produit le plus de riz.
L’affaire Daewoo (où une superficie équivalant à la moitié de la Belgique a été cédée à une entreprise sud coréenne)’est l’aboutissement d’une logique poussée à l’extrême…Bien sûr, on avance que 50.000 emplois vont être créés, mais si les salaires oscillent entre 20 et 50 euros par mois s’agît il réellement d’un progrès ?
Pourquoi la capitale était elle hostile au président
Au centre ville de Tananarive des gens ont été expropriés pour permettre la construction de grands boulevards. Certes, il y a eu des indemnisations dont les montants étaient fixés d’office, mais elles ont été mal gérées. Beaucoup des partisans du maire actuel Andy Anjoelina sont des gens issus de ces quartiers, mécontents d’avoir été déplacés et coupés de e ne plus pouvoir pratiquer l’économie informelle…
Au départ cependant, le président Ravalomanana incarnait un certain progrès…
C’est exact, mais il ne tarda pas à installer son système : en 2002, alors qu’il n’était pas encore confirmé à son poste et qu’il y avait beaucoup de manifestations, il disait que contre ses adversaires, il fallait mener la « pacification », « la chasse aux sangliers ». Or dans notre culture, le sanglier est un animal impur…Par la suite, le président a créé un véritable empire des médias, fermant des radios où des opposants pouvaient être amené à s’exprimer, et les remplaçant par des radios à lui…
Quand l’opposition a – t elle vraiment commencé à s’exprimer ?
Le malaise est apparu quand le président a remplacé tous les produits de première nécessité par ses produits venus de son entreprise. Les gens se disaient « tout ce qu’on mange ou qu’on boit, cela vient de lui, alors que nous devenons de plus en plus pauvres… »Par la suite, il a spéculé sur le riz, en gardant une partie de la production jusqu’à ce que les prix grimpent. Il a alors demandé l’aide de la Banque Mondiale et on a racheté du riz pakistanais, très bas de gamme, avec une odeur de produit chimique. Et cela alors que les gens sont très attachés au riz malgache, de première qualité. Mais ce riz là a été en partie vendu à l’étranger…
On a aussi remis à l’honneur une pratique qui date de la colonisation, l’ «autorisation de collecte », où les indigènes devaient demander à l’autorité coloniale de les autoriser à récolter et vendre les produits de la terre, comme le riz ou la vanille. L’idée était d’insérer toute l’agriculture dans le secteur formel, afin que l’Etat puisse percevoir des impôts… Le problème, c’est que cette autorisation de collecte n’était accordée qu’aux proches du président !
Le maire de Tananarive, Andry Anjoelina, est il un réel rival pour le président ?
Il est lui aussi un homme d’affaires, qui s’est lancé très jeune en créant des entreprises dans le domaine de la publicité. Au départ, il y eut une rivalité d’ordre commercial entre les deux hommes et on a vu le président actuel faire enlever des panneaux publicitaires appartenant à Andy Rajoelina…C’est pour cela que ce dernier est entré en politique…Les deux hommes se ressemblent un peu, ce sont des libéraux à l’américaine, qui se sont retournés contre l’ancien président Ratsiraka, qui était lui, soutenu par la France…Il faut comprendre que dans un pays comme Madagascar, le libéralisme n’ est pas régulé du tout, il est vécu dans sa forme la plus brutale…"

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